La mise en commun de plusieurs expertises au sein d’un programme de recherche international a permis de décrire de manière inédite le rôle et la morphologie des fibres blanches, responsables des connexions entre deux aires cérébrales actives dans le mécanisme du langage (action de parler et compréhension des mots). Il s’agit d’une avancée significative dans la connaissance de l’organisation cérébrale qui pourrait permettre de mieux comprendre les troubles du langage et d’améliorer les interventions thérapeutiques.
Pour parler et comprendre ce qu’on lui dit, l’Homme utilise différentes parties de son cerveau, distribuées dans deux réseaux principaux. D’un côté, le réseau dorsal rassemble des structures responsables de la production de la parole. De l’autre, le réseau ventral qui permet à l’Homme de comprendre le langage utilisé et qui est notamment composé du lobe temporal.
L’étude s’intéresse donc spécifiquement aux connexions reliant ces deux réseaux, cruciales pour le fonctionnement du langage et assurées par des milliers de fibres blanches (figures A et B dans le schéma ci-dessus). Une zone profonde connue comme le pulvinar (noyau postérieur du thalamus) reçoit et émet des connexions vers le lobe temporal, dédié entre autres à la perception auditive et aux composants réceptifs du langage. Mais le trajet précis de ces dernières à l’intérieur du tissu cérébral était jusqu’à présent peu compris et peu documenté dans la littérature scientifique.
La stimulation électrique et l’imagerie médicale pour comprendre le rôle des fibres blanches
Pour mieux les appréhender, les différentes équipes de recherche mobilisées (service de neurochirurgie de l’hôpital Lariboisière à Paris, CHU de Tours, université de Sherbrooke au Canada, Inserm et université de Tours via le laboratoire iBraiN* de l’université de Tours) ont eu recours à la stimulation électrique intra-opératoire, à l’imagerie par résonnance magnétique (IRM) et la dissection de fibres en laboratoire.
La stimulation électrique, réalisée à des endroits précis au cours d’interventions chirurgicales pour traiter une tumeur cérébrale à l’hôpital Lariboisière, a permis de documenter l’implication de ces interconnexions dans le langage. C’est ensuite l’analyse des données IRM et de spécimens cérébraux en laboratoire qui ont permis de caractériser avec un grand niveau de détail les faisceaux de fibres connectant le pulvinar au lobe temporal.
Une étude qui a permis d’identifier 4 classes de fibres blanches
L’étude a donc mis en évidence la présence de quatre groupes fondamentaux de fibres qui relient le pulvinar au lobe temporal de notre cerveau. Chacune d’elles assure un trajet vers des destinations différentes au sein du lobe temporal.
Chaque groupe fondamental pourrait correspondre à un niveau spécifique de traitement de l’information par notre cerveau. Ces résultats mettent en lumière la richesse et la complexité des connexions impliquées dans le langage. Concrètement, ils permettent de mieux comprendre les mécanismes impliqués dans les troubles du langage ou rendre plus efficaces les interventions thérapeutiques existantes.