A deux jours de la clôture du sommet de Copenhague sur le climat et à la veille de leur retour en France, Elsa et Julieta vous proposent dans ce dernier article un bilan de leur expérience. Nous en profitons pour les remercier de ces témoignages qui ont permis à l'université de bénéficier d'un regard original sur le sommet de Copenhague !
Le changement climatique dans les négociations Depuis le sommet de la Terre à Rio en 1992, où les dirigeants ont discuté de la crise climatique, des mesures inédites ont été prises, engageant juridiquement les états dans la lutte contre le changement climatique. Dix-sept ans plus tard, la sonnette d'alarme est tirée devant l'urgence climatique, plongeant l'humanité dans une angoisse croissante au regard des négociations. Le changement climatique soulève des enjeux d'envergure internationale mais aussi locale. Les sécheresses, la désertification, la remontée des espèces, la salinisation des deltas sont autant d'impacts qui menacent directement les productions agricoles et la sécurité alimentaire. La disparition des territoires insulaires mais aussi de nombreux littoraux subissant la montée du niveau des océans est imminente. Le nombre de réfugiés climatiques augmente et continuera d'augmenter chaque année, face à la fréquence croissante des évènements extrêmes. Ces quelques exemples illustrent l'ampleur des enjeux de solidarité internationale et territoriale que doivent aborder ces négociations.
Face à ce problème global, pour lequel les frontières, les nations et les jeux de pouvoirs n'ont aucun sens, la définition d'un accord international s'avère très laborieuse. Les pays en développement appellent les pays industrialisés à assumer leur responsabilité en leur donnant les moyens de s'adapter aux effets du changement climatique causés en grande majorité par le Nord.
Le « Reclaim Power » du 16 décembre : échec ou ouverture du débat ?
L'objectif de cette action était simple, il s'agissait d'exposer aux dirigeants les solutions proposées par la société civile à travers une Assemblée du peuple, dans la zone ONU. Après 2 heures de marche sous la neige, plusieurs milliers de manifestants sont arrivés à quelques deux cent mètres de la zone rouge, symbolisée par des grilles de protection et des barricades policières. Autorisé, le rassemblement a été déclaré illégal par la police " au nom de la reine" dès l'instant où les manifestants sont arrivés devant les grilles. Simultanément aux évènements extérieurs au Bella Center, des membres des organisations autorisées à l'intérieur tentaient également de sortir du bâtiment pour permettre l'échange, mais sans succès.
Aucun dialogue n'a pu être engagé entre la société civile et les dirigeants, malgré les propositions offertes, notamment à travers la « déclaration des peuples ».
Bilan de notre semaine : entre ouverture et amertume
En participant à ce sommet, notre objectif était double : d'une part, améliorer nos connaissances sur les questions climatiques et notre compréhension des articulations entre les enjeux internationaux et locaux, et, d'autre part, profiter du rassemblement de la grande majorité des organisations et militants pour le climat, pour échanger, se rencontrer et soutenir les propositions de la société civile.
Après cette intense semaine à Copenhague, notre bilan est mitigé. Certes, nous repartons enrichies, acculturées des questions climatiques et du fonctionnement des négociations, mais aussi clairement frustrées de l'absence d'échanges entre la société civile et les dirigeants qui décideront de l'avenir commun de la planète. Néanmoins, cette expérience nous aura fait réaliser les implications de certaines politiques et la grandeur des mobilisations civiles qui travaillent et proposent de nombreuses solutions pour lutter efficacement contre le changement climatique. C'est pourquoi nous conclurons sur une touche optimiste, pour laisser entrevoir aux étudiants les possibilités d'un futur « propre » et heureux. Mais n'oubliez pas qu'il y a urgence. "So, act now !"
Elsa Richard